Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Cours de morale

Georges Guy-Grand éditait en 1936 aux éditions Fernand Nathan, un cours de morale qui faisait partie des programmes de l'enseignement primaire supérieur. Il commençait ainsi son avant-propos : « C'est toujours une grande témérité que d'écrire un '' manuel '' de morale, et cette témérité n'a jamais été peut-être plus grande qu'aujourd'hui, dans cette période de transformation prodigieuse où les principes considérés comme les plus stables sont remis en discussion... »

cours-de-morale.jpgJe ne développerai pas toutes les notions que l'auteur a abordées mais celles qui s'imposent à tout un chacun en quête de recherche de vérité. Toutes ces règles de valeur et de conduite s'imposent à nous aujourd'hui avec peut-être encore plus d'acuité en ce siècle où les principes moraux n'ont plus guère de sens tant les rapports entre humains ont changé.
Je n'ai pas la prétention dans ce billet de donner des cours de morale mais l'expérience de mon vécu professionnel et de ma vie personnelle m'autorise à rappeler ce que Georges Guy-Grand évoquait alors :

L'amour de la vérité : chercher la vérité exige de sérieuses qualités morales. Il n'y a pas que les qualités du cœur ou du caractère. Nous devons, comme dit Pascal, travailler à bien penser. Les vertus intellectuelles se résument en une seule : l'amour de la vérité. Or, il n'est pas toujours facile de découvrir, de chercher ou d'aimer la vérité. Y sommes-nous spontanément portés ? Non certainement. 

La curiosité : pour connaître la vérité, il faut d'abord éprouver le désir de la chercher. Ce désir s'appelle la curiosité. La curiosité est parfois blâmable lorsqu'elle est une forme de l'indiscrétion, mais dans l'ordre intellectuel elle est une qualité. La curiosité est le commencement de la connaissance. Elle est naturelle à l'homme. Mais il faut la discipliner car, au lieu de nous faire connaître le vrai elle risque de nous égarer dans les illusions de l'imagination. Il importe et cela est d'autant plus vrai lorsqu'on dirige une enquête que la recherche soit conduite avec méthode et selon les prescriptions de l'esprit  critique. 

Les obstacles à la recherche du vrai : mais il y a des obstacles à la recherche de la vérité ; comme l'inattention, la précipitation ou les apparences. Que de jugements sont téméraires, que de raisonnements sont vicieux parce qu'ils reposent sur la précipitation, sur des faits incomplets, des généralisations hâtives. Les apparences ne sont-elles pas trompeuses selon un célèbre fabuliste ! Mais il faut reconnaître qu'elles ne le sont pas toujours. 

Quels sont ces obstacles : non moins que les erreurs des sens ou du raisonnement, nous devons être en garde contre les habitudes naturelles ou acquises, contre les sentiments ou des tendances qui sont autant d'obstacles à la recherche du vrai.
1°)- la crédulité et la peur : il nous faut vaincre un penchant naturel à la crédulité, cas particulier de la tendance à céder au moindre effort. Cette tendance s'observe surtout chez les peuples primitifs ou les enfants, mais beaucoup d'adultes civilisés n'en sont pas exempts. Telles sont par exemple les croyances à des récits prodigieux, à des événements merveilleux etc. Telles sont aussi les croyances aux histoires de charlatans. Elle est enfin la tendance à croire à des faits parce qu'on les a lus dans un livre ou dans un journal dont les informations sont si souvent fausses ou tendancieuses.
Cette crédulité s'explique parfois par un sentiment non moins naturel et intense, la peur qui nous incline à accepter sans examen les explications les plus extraordinaires.
Toutes ces causes, la paresse, la crédulité, la peur expliquent la persistance de la routine et des préjugés parmi les hommes. Il faut, pour s'en défaire, un effort de volonté qui doit lui-même être éclairé par l'amour du vrai.
2°)- l'amour-propre, l'intérêt, l'orgueil : ils sont plus dangereux encore que l'intérêt et l'orgueil. Ce sont ceux qui peuvent provenir de nos dispositions intérieures, de nos intérêts, de nos passions ou de la pression qu'exercent sur nous les groupes sociaux dont nous faisons partie. C'est le dérèglement de l'esprit qui consiste à voir les choses non telles qu'elles sont ; mais telles que nous désirons qu'elles soient.
L'amour-propre et l'orgueil sont parfois si forts qu'ils nous empêchent d'avouer que nous nous sommes trompés, même quand nous le reconnaissons intérieurement. Vaincre ce faux point d'honneur est un des combats les plus méritoires que nous puissions nous livrer à nous-même. « Se tromper est humain » dit sobrement un adage latin, « persévérer dans l'erreur est diabolique ».
3°)- les passions, l'esprit sectaire : les sentiments égoïstes ne sont pas seuls à nous abuser. Des sentiments généreux, des passions sincères peuvent produire le même résultat. Par exemple aimer quelqu'un nous prédispose à le croire sur parole, de même que détester produit l'effet contraire. Ni cette sympathie ni cette antipathie instinctives ne sont la mesure du vrai. 

L'esprit critique : ne pas confondre l'esprit critique et l'esprit de critique. Nous sommes disposés à bien des causes d'erreur. Être en garde contre ces causes, n'accepter comme vrai que ce qui a été contrôlé méthodiquement, c'est ce qu'on appelle avoir l'esprit critique. Il est indispensable à tout homme qui ne veut pas se laisser abuser. Mais l'esprit critique ne signifie pas qu'il faille douter de tout.
D'autre part, il ne faut pas confondre le véritable esprit critique, à la fois perspicace et loyal, avec l'esprit de critique ou de dénigrement systématique qui n'engendre que stérilité. 

La sincérité : la sincérité exige du courage. Il faut toujours chercher à ne pas se tromper. Nous devons être, à l'égard de nous-même et des autres, d'une parfaite sincérité. La sincérité exige du courage vis-à-vis de soi-même et d'autrui.
Il n’y a que la vérité qui offense ; ce n'est heureusement pas toujours le cas. Mais il vaut mieux risquer d'offenser en disant la vérité que provoquer des conséquences graves en l'altérant ou en se taisant.
La sincérité ne dispense pas d'esprit critique ni de politesse. Toutefois la sincérité n'est pas à elle seule une preuve de vérité. On peut se tromper de bonne foi, se laisser abuser inconsciemment par ses préjugés, ses intérêts ou ses sentiments. Il faut avant d'agir vérifier les faits qu'on allègue ou se rendre compte de la portée de ce qu'on écrit. D'autre part, il ne convient pas, sous prétexte de franchise, de pousser la sincérité jusqu'à la brutalité ou à la grossièreté. Au surplus, ceux qui se vantent de porter des jugements les plus tranchants montrent qu'ils n'ont pas toujours un esprit de finesse assez développé et s'exposent à des démentis. 

La médisance, la calomnie, l'hypocrisie : Calomnier une personne est la plus vile des actions et la plus irréparable car, de ces accusations insaisissables, il reste toujours quelque chose.
Mais le dernier degré de bassesse est atteint par l'hypocrisie, qui est le mensonge devenu une seconde nature, une attitude permanente. L'hypocrite est en effet, au sens étymologique du mot, un « comédien » constamment occupé à tromper ses semblables, par son langage et par ses actes apparents. Il se donne des airs vertueux alors qu'il n'est qu'un scélérat. Il peut bien faire illusion quelque temps, mais il arrive toujours un moment où l'hypocrite se découvre et se perd. C'est le Tartuffe de Molière. 

Le mensonge : le mensonge est méprisable même quand il n'entraîne pas de conséquences fâcheuses, parce qu'il est toujours une dégradation. Comme le dit Kant, il est l'avilissement et l'anéantissement de la dignité humaine. Il a entre autre comme conséquence de troubler les rapports sociaux, en éveillant la méfiance ou en rendant celui qui est sincère victime de celui qui ne l'est pas. 

La connaissance de soi : chercher la vérité avec probité, l'exposer avec sincérité, tel est le devoir intellectuel. Résister aux préjugés, aux intérêts, aux passions qui peuvent nous pousser plus ou moins consciemment à fausser notre jugement. Lutter contre une foule de sentiments qui sont légitimes et respectables en soi, mais qui cessent de l'être quand ils sortent de leur domaine pour entrer en conflit avec la vérité. 

La modestie, la vanité, l'orgueil : Ne pas se faire d'illusions sur notre valeur. Nous pouvons l'exagérer par vanité ou orgueil, nous pouvons la diminuer par une humilité vraie ou feinte. Le premier travers est plus fréquent que le second. Nous avons un penchant naturel, en vertu de notre égoïsme, à enfler notre mérite et à sous-estimer celui d'autrui. Il se peut à l'inverse de ne pas nous estimer à notre juste valeur et ainsi de nous déprécier.
A la différence de la vanité, qui ne s'attache qu'à des avantages superficiels, l'orgueil exalte des mérites sérieux et réels, de fortes qualités d'intelligence ou de caractère. L'orgueil n'est pas ridicule mais il lui arrive d'être odieux.
Il est cependant des cas où l'orgueil peut sembler légitime. C'est quand il s'oppose à un injuste mépris ou à une volonté de dénigrement. 

Avoir de la volonté : le caractère désigne l'énergie de la volonté. Un homme qui a du caractère, c'est un homme qui sait vouloir. C'est aussi et surtout un homme qui sait persévérer, et faire preuve d'énergie dans les circonstances les plus défavorables, sans même être assuré du succès.
La volonté est à cet égard le pouvoir le plus précieux et le plus caractéristique de l'homme. Elle montre ce que nous pouvons réellement faire, ce qui exprime le mieux notre personnalité.
Ce n'est pas être un caractère que de s'obstiner dans l'erreur, un parti-pris, un préjugé, quand on sait que l'on se trompe et qu'on devrait avouer qu'on s'est trompé. Ce qui est au contraire une preuve de volonté authentique, c'est de reconnaître une erreur et de vaincre l'amour-propre ou la vanité mauvaise conseillère. L'important dit Joubert n'est pas de vouloir fort mais de vouloir juste. 

Le courage : l’exercice de la volonté exige du courage. Courage et volonté sont donc unis par des rapports étroits. La volonté est une disposition constante, qui nous met en état d'accomplir fermement ce que nous avons résolu. Et pour y parvenir, il faut vaincre bien des obstacles, physiques ou moraux etc. et pour cela tendre toute notre énergie. C'est ce qu'on appelle avoir du courage.
Tantôt c'est contre l'impopularité, les accusations sournoises qu'il est nécessaire de lutter. Dans la vie courante nous sommes plus ou moins exposés à la méchanceté des jaloux et des envieux. N'oublions pas que les hommes les plus méritants sont les plus obscurs. 

La dignité et l'honneur : le véritable honneur est le respect de la dignité humaine. L'idée de dignité apparaît étroitement apparentée à celle d'honneur ; les deux notions se confondent, car elles impliquent la même idée du respect de la personne. Il ne faut pas oublier que l'homme le plus humble est parfois égal ou supérieur au personnage le plus haut placé. La justice est par excellence le respect de la dignité humaine. Respecter l'homme, quelle que soit sa race, sa nationalité, sa fonction : c'est la façon la plus complète de définir la justice. 

La conscience professionnelle : quel que soit le métier que nous ayons choisi, nous devons l'exercer en toute conscience, en y appliquant toutes nos facultés. La conscience professionnelle est une des règles les plus sûres de la vie morale. Nous devons bien faire ce que nous avons à faire car certaines négligences peuvent entraîner des conséquences graves, et même tragiques. 

A la lecture de ce condensé de leçon de morale selon Georges Guy-Grand, certains d'entre-vous soutiendront qu'il n'a pas sa place dans ce blog ; que l'ensemble des règles et valeurs qu'il enseignait à son époque n'est plus d'actualité. Je n'en suis pas si sûr !
Déjà, entre les deux guerres, l'auteur s'inquiétait de la dérive de la société au plan de la moralité. Que dirait-il de nos jours !
Pour en venir à l'affaire Omar Raddad et conclure, qu'ai-je constaté du comportement de certaines personnes : ceux qui se prennent pour des juges ; ceux qui, avec cynisme, manipulent la presse et à travers elle l'opinion publique, toujours prête à s'émouvoir ; ceux dont la recherche de la vérité n'est pas le souci majeur ; ceux qui, tels des charlatans, créent de toutes pièces des prétendues preuves... Est-ce bien agissements conformes à la morale !
La conséquence de ces comportements déviants a produit une information totalement erronée et déformée qui se répand encore aujourd'hui via Internet ou les réseaux sociaux, provoquant chez les crédules de bonne ou mauvaise foi des comportements irrationnels.
Je veux parler de ceux dont le souci majeur n'est pas de se renseigner mais de dénigrer systématiquement et de provoquer ; ceux pour qui l'injure tient lieu de raisonnement, marque d'une évidente indigence d'esprit et d'intelligence ; ceux qui emboîtent allègrement le pas d'articles de presse ou autres instruments prétendument d'information et qui se soumettent aux manipulations d'opinion, qu'ils véhiculent et s'empressent de colporter.
Où est la morale dans tout cela ?    

Georges Cenci

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