Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Qu'en est-il de cette fameuse piste de l'Ordre du Temple Solaire ?

Il faut remonter dans le temps et se plonger dans le réquisitoire de l'avocat général devant la Cour de révision des condamnations pénales qui évoquait brièvement quelques péripéties dont la Commission de révision avait fait litière, notamment la piste suisse que les détectives d'opérette avaient lancée avec la complicité d'une certaine presse mercantile.

Deux pistes suisses furent par eux élaborées : la présence d'une voiture immatriculée en suisse, le 23 juin à La Chamade, et la piste de l'Ordre du Temple Solaire.

En ce qui concerne la voiture suisse remarquée le 23 juin 1991 devant la Chamade, la requête du défenseur de Raddad visait à vouloir faire croire aux magistrats de la Commission de révision que des amis suisses étaient venus à La Chamade le dimanche 23 juin et que nous n’avions pas procédé aux investigations à l’effet de les identifier.
Cette voiture immatriculée en Suisse n’était autre que celle de Mme Koster laquelle était venue à plusieurs reprises à la propriété de Mme Marchal, tant le dimanche 23 que le lendemain.
Cette piste était déjà évoquée par un journaliste en 1992 comme l'attestait un dialogue entre Latifa et Zined Chérachni (procédure d'écoute téléphonique - conversation du 1er février 1992 à 11 h 27) et, servira plus tard à répandre puis à entretenir la rumeur de la piste suisse, laquelle éclatera quelque dix ans plus tard avec le témoin miracle de l’Ordre du Temple Solaire. Les deux sœurs commençaient d'ailleurs à déchanter quant à leur rapport avec les journalistes – ce n'est pas moi qui le dit – et manifestaient leur exaspération par, je cite :

« Ces journalistes qui racontent n’importe quoi et qu’il ne faut plus écouter...»

Exit donc la piste suisse du 23 juin !

En ce début d’année 2002, alors que la requête était toujours pendante devant la Cour de révision des condamnations pénales, un énième rebondissement agitait le microcosme médiatique : la piste de l’Ordre du Temple Solaire.
Qui n’a pas entendu parler de L’OTS ! L’effet d’annonce étant toujours garanti les médias allaient reprendre l’information qui aurait pu, pour coller à l’actualité, tout aussi bien s’intituler : « le témoin de l’an 2 ».
GM.jpgL’affaire s’était engagée dès le vendredi 28 décembre 2001, jour où un certain Guy Mouyrin, accompagné d’un journaliste indépendant, Pierre Blois, et de trois avocats parisiens se présentait au tribunal de grande instance de Grasse en expliquant qu’il avait des révélations importantes à faire sur le meurtre de Ghislaine Marchal en l’espèce que cette dernière aurait été tuée par des adeptes de l’OTS à qui il aurait servi de chauffeur.
Placé en garde à vue dès le samedi matin à la PJ de Nice, Guy Mouyrin alléguait que le lundi 24 juin 1991 – date sur laquelle il insistait et qui n’est autre que celle du lendemain du meurtre –, il avait conduit à La Chamade, mais sans savoir ce qu’elles allaient faire, trois personnes : Dominique Bellaton la maîtresse de Joseph Di Mambro, Joël Egger lui aussi membre de l’organisation – tous deux disparus depuis avec leur « gourou » dans les massacres et suicides collectifs de 1994 et 1997 –, et un troisième homme qui lui était inconnu et qu’il se disait incapable d’identifier.
C’est ainsi que Guy Mouyrin aurait déposé ces trois personnes devant la propriété vers 11 h 45 et serait revenu les chercher vers 14 h 15 à bord d’une Bmw break, de couleur prune et immatriculée en Suisse. Mouyrin se disait proche de l’OTS et selon lui Ghislaine Marchal faisait partie de cette organisation sectaire, qu’elle désirait quitter. D’après ses révélations aux médias, il supposait que cette expédition avait pour finalité un simple recouvrement de cotisation, et était loin de se douter, comme il le découvrira quelques jours plus tard dans la presse, qu’il était mêlé à un crime.

En soulignant son ignorance du but criminel de cette prétendue expédition, il se mettait à l’abri du risque de se voir reprocher une éventuelle complicité de meurtre, crime dont la prescription de dix ans pouvait avoir été interrompue par les procédures antérieures. Il pouvait par ailleurs se prévaloir de la prescription, acquise, de trois ans pour échapper à des poursuites pour délit de non-dénonciation de crime.
Cette hypothèse permettrait de mieux comprendre pourquoi ce singulier « témoin à retardement » aurait estimé utile de se faire escorter par tout un collège d’avocats venus de Paris, pour raconter sa sulfureuse histoire.
Restera la question de savoir qui avait intérêt à assumer les frais d’une telle opération et qui en avait les moyens ?

Toujours est-il que Mouyrin n’aurait pas convaincu mes collègues policiers dont je comprends le scepticisme. La justice n’avait pas paru être persuadée davantage de le croire si l’on suit le déroulement de l’enquête préliminaire et les nombreux articles de presse faisant état de ce qu’à l’issue de sa garde à vue, qui avait été prolongée, Mouyrin n’avait même pas été présenté devant un magistrat et avait été relâché ; mesure qui, paraît-il, l’aurait fort contrarié. C'est rare dans le métier !
Si Mouyrin et ses conseils n'ont trompé personne que penser du journaliste à la déontologie dévoyée ! Pierre Blois m’appelait après la parution de mon livre pour me dire tout le bien qu’il en pensait… et a eu le culot de me dire que la piste de l’OTS c’était, bien évidemment, « du bidon » mais que cette affaire rapportait tellement… alors !

Le Monde, dans son article du 4 janvier 2002, nous en apprenait un peu plus sur la personnalité de ce repenti. D’après ce média, Mouyrin, qui ne cachait pas un passé chargé – nous en aurons eu quelques-uns dans l’histoire de ce crime –, se serait signalé en 1997 dans un documentaire britannique où il se présentait déjà comme le chauffeur de Di Mambro et accusait, sans preuve, la Princesse Grâce de Monaco d’avoir fréquenté l’OTS.

Alain Van Der Eecken dans Soir Magazine nous donnait une idée de ce personnage, que je vous laisse découvrir dans son article ci-dessous :

OTS1.jpg OTS2.jpg OTS3.jpg

Me Georges Kiejman démentait toute appartenance de Ghislaine Marchal à cette organisation – il est vrai que nous n’avions observé lors des perquisitions à La Chamade aucun document, indice, emblème ou symbole pouvant révéler que Ghislaine Marchal était ou avait été membre ou sympathisante de cette secte – ne laissait pas passer l’occasion de qualifier ce nouveau témoignage de fantaisiste et idiot. L’avocat de la partie civile évoquait une nouvelle plaisanterie sinistre et raillait :

« Il y eut le deuxième Omar, voici l’Ordre du Temple Solaire. »

Les jours suivants, la presse se montrait dubitative tant la démarche tardive de cette personne lui semblait fort curieuse. Mouyrin ne mettait-il pas en cause des personnes décédées qui ne pourraient par conséquent pas le contredire ? Ne paraissait-il pas, de l’avis de l’expert psychiatre requis pour les nécessités de l’enquête préliminaire, réciter un texte ?
Cette leçon, bien apprise, Mouyrin la récitait à nouveau sur France 2 le lundi 28 janvier 2002 au cours de l’émission-divertissement « Ça s’en va & ça revient » de Thierry Ardisson. Je retiendrai que les tribulations de Mouyrin l’auraient conduit à retourner à La Chamade à 14 h 15 pour reprendre les prétendus membres de l’OTS. Soit ! Mais alors, ce brave chauffeur n’aurait pas remarqué le véhicule de Christian Agatti devant le portail de la propriété ! Mouyrin aurait-il mal retenu la leçon ? Ses maîtres ignoraient-ils ce détail du dossier ?

Cette nouvelle pérégrination allait connaître un classement sans suite du Parquet de Grasse ; comme toutes les autres enquêtes préliminaires ouvertes. Que de temps et d'argent du service public perdus !
Ce nouvel épisode médiatico-publicitaire démontrait-il le désarroi de la démarche stratégique des avocats ? Cette nouvelle cabale prouvait en tout cas que les « amuseurs publics » étaient toujours aussi actifs ; que leur stratégie du doute était sans cesse basée sur des évènements « porteurs » et à sensation dont il était facile de démontrer l’invraisemblance ; et surtout, qu’ils s’éloignaient de plus en plus du dossier dont ils ne tenaient aucun compte !

A cet interminable mais pitoyable défilé de faits nouveaux allaient succéder le sosie de Naranjo et la demande d'inscription des ADN au FNAEG ; que j'ai déjà évoqués.

Georges Cenci

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