Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'affaire Omar Raddad.
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Qu'en est-il vraiment de cette boulangerie dont on a tant parlé ?

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A tort et à travers !
Au cours de l'audition de Raddad – que nous entendions dans le cadre de la procédure de crime flagrant et à qui nous avions notifié une mesure de garde à vue – il était important de vérifier l'exactitude de son emploi du temps tel qu'il l'avait énoncé à mes officiers de police judiciaire.

La vérification de la présence éventuelle de Raddad dans la boulangerie rentrait dans ce cadre. Celle-ci s'était ensuite poursuivie sur commission rogatoire après ouverture de l'information judiciaire.
Je confiais cette mission à l'adjudant-chef Claude Bégou et au gendarme Jean-Jacques Rigas qui se transportaient, avec Raddad, au Val de Mougins afin que ce dernier leur indique la boulangerie dans laquelle il se serait rendu le dimanche.
C’est Raddad, lui-même, qui leur désignait le commerce. Corinne Dray, l’employée de "La huche à pains" – c'était le nom de ce commerce – leur indiquait que la boulangerie était ouverte le dimanche 23 juin jusqu’à 13 h et qu’elle y travaillait. Raddad avait décrit dans son audition la jeune femme qui l’avait servi. Corinne Dray correspondait parfaitement à cette description. Mais Raddad pouvait-il avoir confondu "La huche à pains" avec l’autre boulangerie située à proximité ?

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Qu'avait-il dit dans son audition ? Une première fois :

« J’ai acheté une demi-baguette de pain dans une boulangerie du Val de Mougins, celle où il n’y a pas d’escalier. »

Plus tard, il confiait à d’autres gendarmes qui procédaient à son audition :

« Il m’arrive une ou deux fois par semaine d’acheter du pain dans cette boulangerie. Il y a deux boulangeries au Val de Mougins, je vais dans celle qui n’a pas d’escalier devant la porte d’entrée. Je ne suis jamais allé dans l’autre. »

Raddad était observateur et précis. Effectivement, un escalier desservait l’autre boulangerie.

Après mûre réflexion, les deux vendeuses étaient unanimes pour dire que le dimanche 23 juin elles n’avaient pas servi Omar Raddad. Elles se souvenaient d'une cliente, Micheline Tomas, qui dans le même créneau horaire déclaré par Raddad se trouvait dans le commerce. Et Micheline Tomas connaissait Omar Raddad. Cette cliente était restée un quart d’heure dans la boulangerie. C’est long un quart d’heure pour acheter du pain. Et elle ne l’avait pas remarqué.

Je ne vais pas faire état des témoignages qui confortaient la preuve que Omar Raddad ne s'était pas rendu dans cette boulangerie le dimanche 23 juin. Ceux-ci se recoupaient et infirmaient sans équivoque son assertion. Si cela avait été le cas, lui qui avait le souci du détail puisqu’il allait jusqu'à préciser dans sa déposition le prix de certaines pâtisseries, il n’aurait pas manqué de déclarer cet élément très particulier de la présence de Mme Tomas dans le commerce.
Mais me direz-vous si Monsieur Raddad vous a précisé le prix des pâtisseries c'est qu'il était présent dans l'établissement ! Hélas pour sa crédibilité nous avions déterminé que les prix des pâtisseries dans celui-ci n’avaient pas évolué depuis un an.
Cette question était débattue lors du procès. Le président déclarait, à juste raison, ne pas avoir connaissance dans le dossier de vérifications auprès de l’autre boulangerie et soulignait que c’était l’accusé qui avait désigné ce commerce. Lors de ses réquisitions, l'avocat général, Bernard Faret, déclarait que la recherche dans la boulangerie avait été correctement effectuée, dans le respect de la personne humaine ; que c’était ainsi que cela devait se faire.

Mais il est vrai que j'aurais dû demander que le gérant de l'autre boulangerie soit entendu. Je veux bien faire amende honorable et me battre la coulpe, mais que penser de la Défense qui n'a pas demandé - comme elle pouvait le faire - au juge d'instruction, l'audition de ce commerçant ! Il est vrai que si les avocats de la Défense l'avaient fait, ils n'auraient pu ensuite plaider devant micro et caméra !
... Puis les médias relayaient l'"As des as" du « fait nouveau » avec son compère et néanmoins concurrent Roger-Marc Moreau, je veux parler de Bernard Naranjo, qui écrivait au procureur de la République de Grasse pour affirmer haut et fort que Raddad n’avait pas désigné la bonne boulangerie. Ce détail, débattu comme il se devait devant la cour d’assises n'avait pas soulevé d'opposition de la Défense. Mais qu'à cela ne tienne, la presse reprenait l’information de plus belle. Et les avocats leur superbe. Et l'on a vu dans des émissions racoleuses du petit écran un homme, Marcel Mortiglienco présenté comme le boulanger voisin, dire 9 ans après les faits que les gendarmes ne l'avaient pas contacté ; ce qui est vrai et que Raddad était client de son établissement ; ce qui est absolument faux si l'on en croit le principal intéressé.

Tous les excès sont bons pour vendre du papier et de l'image. C’est de la complicité de colporteurs qui permet d’entretenir le suspens, d’égratigner les gendarmes au passage et de prendre les gens pour des faibles d'esprit. Pour rester poli.

Georges Cenci

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DavidD DavidD ·  19 décembre 2012, 17:30

Effectivement, il appartenait à la Défense de produire le témoignage du personnel de l'autre boulangerie pour donner le change. La manipulation médiatique est patente, comme quand maître Vergès se permet des comparaisons douteuses avec l'affaire Dreyfus en sortant du procès, d'autant qu'il n'y a pas eu d'engouement populaire contre Raddad. Il y a deux mondes cloisonnés, côté procès, côté médias. Pour se donner un alibi, Omar n'a donné qu'un témoignage crâne finalement, puisqu'il implique des gens pour le défendre qui, tous, ont refusé de soutenir l'avoir vu. Vraiment pas de chance, il ne s'est pas appuyé sur le public visiblement nombreux prêt à témoigner de son innocence.

hanna hanna ·  20 décembre 2012, 10:17

@DavidD :
Mon commentaire n'apparaît pas ?

Vous n'avais pas répondu à toutes mes questions... Vous devez savoir que les témoignages des personnes peuvent être faussés, par peur ou tout autre raisons, vous leur avait redemandé depuis ?
Seulement j'ai regardé la boulangerie on vous êtes allés, il y a un escalier a l'entré, alors que, Omar avais dit qu'il n'y avait pas d'escalier à l'entré de la boulangerie.

DavidD DavidD ·  20 décembre 2012, 18:00

Bonjour Hanna,
Je ne comprends pas la question que vous m'adressez. De quel message s'agit-il? Et quel est le rapport avec le mien? Je l'ignore.
Des témoignages faussés par la peur ou l'envie de cacher quelque chose, de protéger quelqu'un, cela se peut.
Ici, on a une première déposition qui parle de dépenses importantes du côté des prostituées. Ce n'est pas une rétractation ultérieure qui va expliquer ce genre de confidence la première fois. Rien n'y poussait.
Les témoignages pour se forger à l'alibi consistent à dire qu'on a croisé tant et tant de personnes. Les deux boulangeries sont nettement distinctes. Une existe encore avec son escalier d'entrée et elle à l'angle d'une rue montante qui conduit à la fameuse impasse de la maison de l'assassinat, l'autre boulangerie quelques mètres plus n'existe plus et était le long de la rue principale qui traverse Val-de-Mougins. Elle n'a ni escalier, ni trottoir, le passage est étroit, il y a juste la place pour la route en gros.
A la télévision, il était répété que la police s'était présenté à la mauvaise boulangerie, mais, au procès, autre son de cloche, la défense n'a pas utilisé cet argument, ce qui revient à admettre que le témoignage était suffisamment clair que pour interroger le personnel de la boulangerie sans escalier désignée par l'accusé.
On arrive alors à un alibi éloquent, puisque Omar prétend que le personnel de la boulangerie, mais aussi plusieurs voisins, alors que finalement ces personnes qu'il implique vont tous dénier formellement avoir vu Omar Raddad. A cela s'ajoute d'autres témoignages de voisin qui soulignent son absence et celle de son véhicule.
Ce n'est donc pas une histoire de témoignages faussés. Ce qui était faussé, c'étaient les versions des médias.
Enfin, il est dérangeant de songer que la Défense plaide distinctement au tribunal et devant les médias, sachant que rien n'est mis en place pour prévenir la provocation d'un émoi populaire fruit de rumeurs tendancieuses.
En ce sens, l'affaire doit être instructive pour l'avenir.
Ici, on peut penser que, du côté de l'accusation, les dérives de la médiatisation ne sont pas à négliger. C'est un fait qu'un exercice de synthèse médiatique clair s'impose. Egalement, la maîtrise des dérives médiatiques doit passer par une réflexion sur les aspects étranges de l'énigme, lesquels peuvent être causés par ce qui est spectaculaire ou par ce qui n'est pas dit (par exemple, le meurtrier ne s'est pas assuré de la mort de sa victime qui a pu se ressaisir).
Les médias avaient aussi participé à l'invraisemblable accusation de la mère dans l'affaire du petit Grégory. On ne peut pas accepter que ces dérives persistent. Plus d'un coupable a été libéré ou innocenté, sans même parler du problème des peines légères par compassion, des remises de peines automatiques qui sont quand même de vrais problèmes de société, surtout dans le cas de la dangerosité avérée de condamnés, sans même parler du flou artistique des expertises psychiatriques ou des théories qui veulent qu'il soit d'une morale éclairée de chercher la rédemption morale pour tous. Tuer des gens, pour moi, c'est monstrueux et je ne placerai jamais ma fierté à excuser ces gestes.

hanna hanna ·  21 décembre 2012, 11:12

@DavidD : Oui excusé moi j'ai répondu a votre commentaire, seulement car vous aviez répondu à une question que j'avais pausé à Mr Cenci, dont lui même n'a pas répondu.
Mais puisse qu'on y est, autant que je vous réponde car vous avez pris la peine de me répondre et je vous en remercie.
La boulangerie que vous me dite s'appelle la "huche à pains" (son nom d'époque), de plus vous me dite vous même, que la boulangerie possède un escalier, malheureusement, c'est bien la boulangerie où les policiers se sont rendu, dit dans l'article "Qu'en est-il vraiment de cette boulangerie dont on a tant parlé" de Mr Cenci. Avais vous une explication?
Après je me suis basé sur se que dit Mr Cenci et non sur les médias.

Georges Cenci Georges Cenci ·  22 décembre 2012, 11:14

@hanna : Mon webmaster vient de vérifier. Il n'a retrouvé aucune trace d'une éventuelle question que vous m'auriez posée.
Il me semble, à la lecture de votre correspondance avec DavidD, que vous faites un amalgame sur les boulangeries et l'escalier qui dessert l'une d'elle. Relisez bien ce que j'ai écrit ; mais peut-être me suis-je mal exprimé : la boulangerie désignée par Raddad à mes enquêteurs était la « Huche à pain », commerce qui ne nécessitait pas l'emprunt d'un escalier ; contrairement à l'autre, accessible après une volée de marches où Raddad ne s'était jamais rendu.
Cordialement.

Pascal Pascal ·  22 décembre 2012, 23:26

Bonsoir,
Deux petites remarques
Concernant les sédiments, le rapport de vraisemblance permettant de lier les sédiments des chaussures au sol de la cave est aléatoire. En effet, ce genre d'analyse forensic n'a de réel critère discriminant qu'entre deux lieux présentant un réel éloignement. Dans votre cas, ce pourrait être le sol de la cave de la victime, comme celui d'une maison voisine. Il s'agit de la même remarque pour les analyses de pollen par exemple. Si les lieux sont trop proches l'un de l'autre, les résultats seront erronés. Comme dater une trace et un élément d'enquête est aléatoire et ne répond pas à un raisonnement scientifique.
Enfin concernant le laboratoire SERMA, il s'agit d'analyse provenant d'un expert non inscrit sur les listes d'experts, et ayant travaillé au sein du très sulfureux laboratoire du CARME ayant défrayé les chroniques judiciaires par ses erreurs, et/ou fausses interprétations forensics

Georges Cenci Georges Cenci ·  24 décembre 2012, 07:32

@Pascal : Bonjour.
Je vous remercie pour votre intervention. Vous me semblez avoir connu les deux laboratoires que vous citez. N'étant pas expert, je n'émettrai pas d'avis sur ces deux structures, à l'époque régulièrement désignées par les magistrats instructeurs. Il ne vous aura pas échappé que le juge d'instruction a saisi ce laboratoire, vu l'urgence et l'absence d'expert immédiatement disponible dans la spécialité de la micro-analyse. A l'époque ces labos ne couraient pas les rues !
Jean-Marie Grafeilles, ingénieur en criminalistique auprès du Serma, expert non inscrit, aura prêté serment d'accomplir sa mission et de la remplir fidèlement en son honneur et conscience (cf. expertise sur les vêtements : http://omarlatuee.free.fr/index.php... et expertise sur le taille-haie : http://omarlatuee.free.fr/index.php...).
Vous savez, comme moi, qu'il appartient, dès l'ouverture d'une information judiciaire, au seul juge d'instruction de saisir par ordonnance le service, l'institut ou le laboratoire à qui il désire confier une expertise.
On peut toujours discuter une expertise d'ailleurs je ne m'en prive pas dans mon ouvrage « Omar l'a tuée – pages 348 à 354 » ) lorsque j'analyse le rapport d'une graphologue et d'une statisticienne du Laboratoire de police scientifique saisies par la Commission de révision de la Cour de cassation.

C'est pourquoi le Code de procédure pénale édicte qu'en matière d'administration de la preuve, le juge n’est pas lié par l’avis de l’expert et décide d’après son intime conviction en fondant sa décision sur les preuves qui lui sont rapportées.

Et il semble que ces traces de sédiments dans la texture du pantalon et sur les semelles des chaussures portées par Raddad, ont été admises par la Cour d'assises, qui en a débattu et, plus tard, devant la Cour de révision où, dans ses observations récapitulatives, l'avocat général, Laurent Davenas, l'exprimait ainsi :
« ... Ils n’autorisent aucun doute tant les charges pesant sur Omar Raddad continuent de peser. Ils ne sont pas les ingrédients d’un scénario aussi démoniaque qu’absurde. Ils ne signifient rien et n’auraient rien signifié de plus s’ils avaient appartenu à l’employé de Madame Marchal dont le pantalon et les chaussures recelaient encore après le drame des sédiments provenant du lieu du crime, partie intégrante de son périmètre de travail à La Chamade... »

Pour vous, ces traces sont aléatoires. Pour la justice elles sont une preuve que, dans un temps très rapproché du meurtre, Raddad s'est rendu dans le sous-sol de la Chamade. Mais il faut tenir compte d'autres détails de l'enquête ; que je relate dans mon ouvrage et que j'ai peut-être évoqués sur ce site. Une analyse seule sans actes d'investigations la corrélant ne signifie pas grand chose.

Vous écrivez :
« que ce genre d'analyse forensic n'a de réel critère discriminant qu'entre deux lieux présentant un réel éloignement. Dans votre cas, ce pourrait être le sol de la cave de la victime, comme celui d'une maison voisine ».
Je vous avoue ne pas comprendre votre cheminement de pensée. Pour information, le juge a demandé à l'expert de rechercher sur les vêtements et les chaussures de Raddad s'il y avait des éventuelles traces de poussières provenant de la cave de la villa La Chamade, lieu du meurtre. Et l'expert a constaté une corrélation à l'état de traces avec le sédiment prélevé dans la cave. Avec cette conclusion partielle, nous ne sommes plus dans l'aléatoire mais le concret.

Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année.

lanamer lanamer ·  01 janvier 2013, 19:31

Bonsoir,
Je comprends votre dégoût pour la presse ou plutôt pour une certaine presse et je vous accorde volontiers certains débordements sur le dossier dont nous parlons. Il s'agit donc là d'un premier point sur lequel nous sommes d'accord.
Cependant, reconnaissez que si l'affaire Dills, par exemple n'avait pas été médiatisée, il n'aurait pas été acquitté. L'instruction judiciaire craint la presse. La seule chose qui fait bouger la justice est le scandale médiatique.
Le second point sur lequel je vous rejoints, c'est que Raddad n'a pas eu une défense à la hauteur. Je le dis sans supériorité aucune. Je le crois sincèrement.
Je n'ai aucune sympathie particulière pour Monsieur Vergès et ses plaidoieries ont quelquefois étaient plus brillantes que celle servie lors de ce procès.
Ceci étant posé, nous allons oublier la Presse, les articles qui ont pollués cette triste affaire, les personnes fantaisistes surgies de nulle part pour disparaitre aussi vite ainsi que ces détectives à la moralité douteuse pour revenir sur certains points qui aujourd'hui encore portent à réflexion et m'empêchent indéniablement d'avoir une position tranchée.
D'abord, j'ai du mal, encore et encore avec le déroulement des faits tels que vous le présentez.
Avoir des convictions ne garantit pas contre l'erreur et le meilleur moyen pour amener autrui à partager votre conviction n'est pas toujours de proclamer celle-ci.
Vous dites : "la victime se fait agresser dans le vide sanitaire et, blessée, se déplace vers la porte de la cave à vin pour inscrire l'inscription accusant son agresseur puis se dirige vers la porte qu'elle bloque à l'aide d'un tube en acier et d'un chevron en bois."
Vous oubliez au passage qu'elle est allée allumer et qu'elle a également transporté le chevron abandonné par le meurtrier dans le vide sanitaire. Le cheminement indiqué sur votre plan se trouve alors quelque peu modifié, mais passons...Madame Marchal ramasse donc le chevron et va donc maintenant et selon votre raisonnement : du vide sanitaire à l'interrupteur, de l'interrupteur à la porte de la cave à vin, de la porte de la cave à vin à la mise en place du système de blocage, puis, elle éteint, se dirige dans le noir s'aidant simplement de la lumière sourdant sous la porte d'entrée jusqu'à la porte de la chaufferie, écrit son second message et s'éteint auprès de cette inscription et non pas au pied. Vous précisez qu'elle a éteint après la première inscription et après s'être barricadée de peur d'être repérée par son agresseur. Il est étrange qu'elle n'y ait pas pensé plus tôt alors que la mise en place du dispositif de blocage a dû faire du bruit et qu'il lui a fallu certainement un peu de temps pour écrire le premier mesage. C'est une première interrogation, mais passons...
La deuxième interrogation porte sur l'ordre des coups qui ont été portés et leur nombre.
Aprèx ceux portés à l'aide du chevron, qui ont été d'une violence inouïe ( bridge expulsé, os du crâne visible), il eut été facile de l'achever d'un ou deux coups d'arme blanche. Alors, pourquoi autant et si peu profonds?. Si Omar Raddad avait des problèmes au niveau du coude ( et vous avancez d'ailleurs que c'est ce qui explique les coups désordonnés et si nombreux sur la victime)comment a-t'il pu frapper aussi violemment à l'aide du chevron et pourquoi n'a-t'il pas tout simplement égorgé ou planté l'arme blanche dans le cou de la victime?. L'égorgement a été suspendu et pourtant rien ne gênait au cou. Cela aurait été rapide et le peignoir n'aurait pas gêné la lame. Le meurtrier aurait gagné en temps. 16 ou 18 coups pour achever quelqu'un, c'est interminable!! mais passons...
Nous en venons tout naturellement à l'arme elle-même. Le docteur Page que pourtant vous citez en référence parle d'une lame effilée de 15 à 20 cm de long et 2 cm de large au maximum. Pour vous 4 déchirures sont supérieures à 2 cm. Comment un légiste peut-il ne pas avoir constaté cela?
Vous, vous voyez une lame épaisse ( vous êtes gendarme), lui, une lame effilée ( il est légiste). Vous auriez pu vous passer de lui. je plaisante!
Vous dites : "J'avais bien examiné les plaies à la gorge tant sur les photographies que lors de l'autopsie, ce n'est pas une lame effilée qui a pu provoquer ces blessures, etc...."Comment? Vous constatez ça de façon formelle et lui ne voit rien?.
C'est sur ce type d'éléments là, contenus dans le dossier que le doute s'installe. Point besoin de la Presse pour cela.
Puisque vous soulignez que vos constatations ne plaidaient pas en faveur de la description vous semblant "hâtive" du Docteur Page, je suis en droit de penser que l'heure, la date, émanaient peut-être également de constatations hâtives. L'autopsie démontre par exemple que l'estomac de la victime ne contenait aucun débris alimentaire, ce qui indiquait qu'elle n'avait pas mangé au moins trois heures avant sa mort. Or, vous affirmez que son décès a eu lieu le 23 juin 1991 entre 11h45 et 13h00. Or, nous savons que cette dame a l'habitude de se lever tard, petit-déjeune au lit, fait ses mots croisés etc..., ce qui porte également le doute sur l'heure de la mort. Il s'agit juste d'une interrogation...
Elle dit également à Eugénie de Paolis qu'elle est très pressée car elle doit sortir et qu'elle n'est pas encore prête et pourtant...elle prend le temps de descendre à la cave pour intervenir sur le circulateur d'eau de la piscine, compléter les produits d'entretien, ce qu'elle aurait pu faire en revenant de chez Colette Koster. la piscine aurait été largement propre pour l'arrivée d'Erica Serin le lendemain.
J'ai une piscine, je m'en occupe et pense être honnête sur cette constatation. Etrange!
Et puis, il y a les témoins cités par Omar Raddad, qui ne l'ont pas vu, mais ce n'est pas parce-que l'on n'est pas vu quelque part qu'on n'y était pas. Il aurait d'ailleurs pris un risque en citant le gérant du Casino, car ce jour-là, cet homme était bien dans le hall de l'immeuble, certes, pas seul, mais là quand même et nous étions un dimanche, son magasin était fermé, il aurait pu se trouver à des kilomètres de là.
Je passe sur Madame Biliotti, figée sur son balcon de 11h30 à12h50 sans jamais détourner le regard de la rue. Figée, quoi!
On ne peut reprendre l'ensemble du dossier et acceptez de croire que pourtant je ne sais toujours pas si Omar Raddad est coupable ou pas. Le fait que tous les recours aient été épuisés ne prouvent rien à mon sens. En juillet 1990, dans l'affaire Dills, la Cour de Cassation avait rejeté la demande en révision, en 1994, la grâce présidentielle n'a pas été obtenue et pourtant, en 2001 la Cour de Révision a annulé la condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité.
C'est pourquoi avoir des convictions ne garantit pas forcément contre l'erreur. Je crois également en autre chose. C'est que lorsque l'on est un être humain normalement constitué, que l'on pénètre sur une scène de crime d'une telle violence et que la première chose que l'on voit ou que l'on lit, qui plus est en lettres de sang, c'est le nom de l'éventuel meurtrier, même si l'on est aguerri, cela a un impact d'une grande force, comme un coup à l'estomac alors qu'on ne s'y attend pas. je pense alors que dans les esprits, l'apparence prend le dessus sur le réel, le masque sur le masqué car là, on montre pour cacher mais on montre surtout pour montrer.
Je regarde votre visage Monsieur CENCI. Il me semble humain et incontestablement volontaire et déterminé, mais vous savez, l'évidence n'est pas toujours la vérité, d'ailleurs le mot "évident" est le plus dangereux en mathématiques. L'évidence porte souvent un cruel mensonge.
Pour parfaire ce que savais sur le dossier Raddad, je me suis procurée votre livre. Vous le débutez en citant La Bruyère et en parlant de Vertu.
Je serais plus modeste et vous répondrais avec olivier Golsmith, un écrivain du XVIII ème Siècle :
" La vertu qui demande a être toujours surveillée ne vaut quelquefois pas le prix de la sentinelle".
Prenez-le avec humour car je reste respectueuse du travail que vous avez accompli.
Pardonnez-moi, je ne comprends pas toujours tout...
Je vous adresse mes voeux de bonne et heureuse année 2013 pour vous et ceux qui vous
entourent.
Bien cordialement.

Georges Cenci Georges Cenci ·  03 janvier 2013, 05:22

@lanamer : Bonjour .
Quel roman !
Je respecte votre analyse, qui a le grand inconvénient de parfois s'éloigner de la matérialité des faits et devient ainsi incohérente et partisane.
Cependant je respecte votre opinion.
J'ajouterai avoir déjà lu dans la presse ce même type de raisonnement sur les détails que vous citez ; ce qui ne me surprend plus.
Vous avez des convictions, gardez-les. Loin de moi l'idée de vous en dissuader.
Je vous prie de croire à mes sentiments les meilleurs.

lanamer lanamer ·  03 janvier 2013, 14:50

Bonjour Monsieur,
Un roman ? mais...je n'ai fait aucune narration fictionnelle, je vous ai tout simplement cité dans le texte!!
Je n'ai laissé aucune place à l'imagination, j'ai retranscrit fidèlement vos constatations sur les éléments du dossier et j'ai "osé" vous demander un éclaircissement complémentaire, certains de ces éléments ayant créé chez moi un étonnement.
Vous savez ce qu'est un "étonnement"?. C'est une émotion causée par un évènement qui mène à s'interroger du fait de son caractère étrange ou difficile à expliquer. La cause de l'étonnement est la conscience.
Je ne pensais donc pas susciter une réaction méprisante ou ironique, je me réjouissais même par avance de ce complément d'information apporté par celui qui a précisé : " (...) mettre à la disposition du public une information la plus objective possible et ouvrir un espace de discussion où les visiteurs peuvent intervenir et exprimer leur opinion. même opposée à mes convictions...ce site se veut un espace de tolérance et d'échanges."
Mais je constate qu'il y a deux catégories d'intervenants.
Ceux qui partagent en tous points votre conviction et donc, seraient censés connaitre fidèlement le dossier et les autres qui, restant circonspects, prudents, eux n'auraient pas bien lu ou pas aussi intelligement que les premiers.
Depuis des années, je lis, relis, dissèque les éléments versés au dossier et non les coupures de presse. Je ne m'y interresse pas pour innocenter ou accuser ou par appétit morbide, non, juste pour essayer de comprendre pourquoi et comment une telle abomination peut se produire.
Je me suis même procurée votre livre afin de pouvoir converser avec vous sur des éléments que vous-même avez constatés et retranscrits.
J'ai aujourd'hui l'impression d'avoir été abusée et la désagréable sensation d'avoir été stupide au point de ne pas avoir compris que ce site était dédié à vos encenseurs, flagorneurs et n'apportait finalement aucune réponse pour les autres. Et pourtant, je n'arrive pas à vous trouver antipathique! A cela peut-être le fait d'être fille, soeur, belle-soeur de militaires de carrière ? Allez savoir!
Pardonnez-moi d'avoir disposé outrageusement de votre temps et de votre espace.
Je retourne à mes interrogations.

Georges Cenci Georges Cenci ·  05 janvier 2013, 14:10

@lanamer : Bonjour,

Dans un premier temps je vous ai répondu assez laconiquement respectant votre état d'esprit qui se dégage du long commentaire que vous m'avez adressé. Je viens de relire votre texte et prends le temps de tenter de répondre à certaines de vos observations, insinuations, questions ou interrogations.

Dans mon ouvrage, je n'ai jamais écrit que la victime s'était faite agresser dans le vide-sanitaire. Mais passons ! ; je n'ai jamais écrit que le chevron avait été abandonné par le meurtrier dans le vide-sanitaire. Mais passons !
Selon vous, j'aurais oublié... au passage ... de décrire les faits et gestes de la victime ! C'est une plaisanterie ! Mais passons !
Sur le site se trouve effectivement un schéma qui a été réalisé par le rédacteur en chef d'Aventures de l'Histoire (cf. revue éponyme n° 18). Je confirme que le plan réalisé est conforme à la réalité des déplacements de la victime. Mais passons ! Relisez ce que j'ai écrit concernant les mouvements de la victime (pages 72 à 78) Mais passons !
Vous écrivez qu'elle se dirige dans le noir s'aidant simplement de la lumière sourdant sous la porte d'entrée... Non ! J'ai écrit : « la seule clarté est fournie par un rai de lumière qui filtre autour de la porte » Ce n'est qu'un détail mais passons !
Vous écrivez qu'elle s'éteint auprès de cette inscription et non pas au pied. Où ai-je relaté que nous avions retrouvé son cadavre au pied de la porte ? Relire le dernier paragraphe page 78. Mais passons !
Si j'ai écrit que la victime a éteint après avoir écrit le premier message puis mis en place le système de fermeture c'est que les premiers gendarmes qui ont forcé la porte métallique de la cave ont trouvé le sous-sol plongé dans l'obscurité ; et que les constatations ont démontré qu'il n'y avait aucune trace de « retour » de la victime après qu'elle eut mis en place le système de fermeture. Logique mais passons !
Maintenant les supputations du genre « pourquoi n'y a-t-elle pas pensé plus tôt » « y avait qu'à ! » « fallait qu'elle ! » « elle aurait dû ! » Je laisse tout cela à votre vivacité d'esprit et à votre sagacité, bien installée derrière l'écran de votre ordinateur, sans avoir reçu des coups sur le crâne, sans être transpercée de multiples coups d'arme blanche, éventrée et à moitié égorgée.

Vous vous interrogez ensuite sur l'ordre des coups et leur nombre. Là encore vous faites preuve de beaucoup d'imagination sans tenir compte de la réalité du dossier, des blessures présentées par le corps de la victime, du handicap de Raddad et le fait que celui-ci n'a jamais été soupçonné d'être porteur d'une arme blanche. Les expertises déterminent que, malgré son handicap, Raddad pouvait asséner les coups de chevron et porter des coups d'arme blanche dont la dissémination peut s'expliquer par la maladresse induite par une blessure à un bras et j'ajouterai par le fait que la cisaille qu'il a utilisée était d'un maniement obligatoirement malaisé (outil lourd et long)
Je donne toute explication à même d'informer le lecteur sur l'ordre des coups. C'est ma version toujours édictée avec le plus d'objectivité possible ; c'est-à-dire en réfléchissant à partir des données du dossier : dans un premier temps Raddad assène les coups de chevron, dans un deuxième temps voulant s'emparer d'une arme blanche de substitution il sort du sous-sol, remonte la volée de marches, s'empare de la cisaille suspendue à son emplacement habituel et revient dans le sous-sol pour parachever son meurtre. Maintenant à dire, comme vous l'écrivez, qu'il eut été facile de l'achever d'un ou deux coups ! Les constatations sont là, c'est la somme de tous les coups qui ont provoqué la mort de Ghislaine Marchal.
Ce n'est pas moi qui ai écrit le scénario ! Mais passons !
En ce qui concerne l'arme du crime, je maintiens que la description de l'arme faite par le docteur Page a été hâtive et ne correspond pas aux plaies présentées par le corps de la victime. Je l'ai écrit, je l'ai déclaré à la barre de la cour d'assises. Je l'ai confirmé tout comme le docteur Page a maintenu sa description ; mais, en ce qui me concerne, avec des éléments d'explication concrets.

Vous êtes en droit de penser ce que vous voulez, que le crime a eu lieu le 23 ou le 24. Les expertises, les actes d'enquête, les jugement et arrêts ont prouvé que le meurtre a été commis le dimanche 23. Mais passons !

Si la victime ne s'était pas rendue au sous-sol et aurait remis en soirée la vérification du circulateur d'eau de la piscine, nous aurions retrouvé son cadavre dans l'habitation. Mais passons !

Vous me pardonnerez si l'enquête de voisinage n'a pas fourni d'alibi à monsieur Raddad. Mais passons !

Allez chère lectrice, je vous laisse avec vos doutes et vos interrogations. Je ne peux plus rien pour vous !

Bien cordialement.

lanamer lanamer ·  05 janvier 2013, 21:24

@Georges Cenci : Bonsoir,

Aïe, Aïe, Aïe!! J'aurais dû prendre le casque lourd et le gilet pare-balles avant de lire votre réponse.

Alors, les :"Y avait qu'à", "fallait qu'elle", "elle aurait dû" ne sont soulevés qu'en réaction à votre scénario car il n'accompagne pas la logique jusqu'au bout. Loin, mais alors très loin de moi l'idée de dire que cette dame aurait-dû faire ceci ou cela, je dis simplement que lorsqu'on prête à une mourrante la force et la lucidité nécessaire à l'exécution de certaines tâches encore faut-il être logique.

Madame Marchal est lucide pour se barricader et écrire mais, si l'on s'étonne sur le fait qu'elle ait éteint l'interrupteur pour ne pas se faire repérer après le bruit qui n'a pas manqué d'être fait, là vous perdez patience.

Page 65 de votre livre ( premier dépôt) : " Madame Marchal agit. N'est-ce pas encore la marque de sa lucidité et de son entière conscience ?. Ne voulant donner aucun indice de survie à Raddad au cas où il reviendrait, elle éteind l'interrupteur du couloir." Mais si elle avait été lucide, Monsieur Cenci, elle aurait su qu'il n'était plus la peine d'éteindre!!!!
Pour ce qui concerne le lieu de l'agression, je plaide coupable, j'aurais dû noter : " à l'entrée du vide sanitaire et non "dans", je vous l'accorde.
Reprenez le plan déposé sur votre site. Les flèches noires nous montrent le déplacement de la victime après l'agression. Je maintiens, après avoir réexaminé celui-ci que vous parlez d'éteindre la lumière sans avoir mentionné l'avoir allumé à l'allée et, d'ailleurs, le trajet tourne immédiatement vers la cave à vin, il ne va pas vers la porte d'entrée et son interrupteur.

Pour ce qui concerne la lumière pour le second message, je me souvenais du livre de François Foucard. Il notait, page 115 : " La voici désormais dans le noir à l'exception du filet de lumière qui sourd sous la porte". Je m'en excuse également, je n'aurais dû retenir que votre écrit.

Pour ce qui concerne le lieu du décès, j'avais retenu, sans être d'accord évidemment, les propos de Gilles Giessner ( expert mandaté par Sylvaine Arfinengo )et toujours retranscrits par Monsieur Foucard. Page 80 : "Le scripteur a tracé la première mention agenouillé, il y avait de la lumière et la seconde allongée dans une quasi-obscurité, les forces phisiologiques du scripteur allant en s'affaiblissant et il n'a pu se déplacer pour tracer la fin de son second message puisque c'est là que l'on a retrouvé son cadavre". J'avais relevé cette phrase à l'époque car elle ne correspondait pas à la réalité du dossier.

Je n'ai jamais dit que Raddad était habituellement porteur d'une arme blanche et pour ce qui concerne son handicap, je relève dans le compte-rendu d'examen de juillet ou août 1991 : Page 10 "... la main droite est surtout utilisée pour l'écriture et dans les autres actes ne sert que d'aide, la prise se faisant avec les deux derniers doigts." Page 11 : " Mobilité normale de l'épaule, du coude, du poignet mais pronation difficile." Page 12 : " Pinces : pouce-index et III IV, obtenues mais inefficaces". J'insiste : même en étant malhabile, deux ou trois coups portés à la gorge étaient plus efficaces qu'une quinzaine qui plus est sur une personne déjà sonnée et plus ou moins à terre.

Vous dites ensuite, revenant sur mes interrogations : "si la victime ne s'était pas rendue au sous-sol et avait remis en soirée la vérification du circulateur d'eau de la piscine, nous aurions retrouvé son cadavre dans la maison." Heureusement que vous précisez ne pas avoir écrit le scénario!

Voilà, nous sommes arrivés, je crois au bout de nos échanges et pourtant, il y aurait encore eu de quoi s'interroger pour moi et apporter des éclaircissements pour vous mais je ne pense pas que tel était votre but réel en créant ce site. Je crois comprendre que vous aimez la lumière, Monsieur Cenci et que vous avez une revanche à prendre sur l'obscurité de cette cave.
Bien à vous.

DavidD DavidD ·  18 janvier 2013, 20:31

Le problème des forums du net, c'est que les excités, voire peut-être les principaux intéressés à refaire le jugement, vont jouer avec l'anonymat, les multiples identités ou les positions "je suis modéré, mais j'insiste". En plus, si une personne importante écrit en son nom, ça démange encore plus les excités. Le jeu est alors de montrer qu'on est inaccessible à la susceptibilité ou qu'on ne montrera pas un signe de trop d'estime de soi, ce qui est bien épuisant quand des gens mordent la cheville sans arrêt.
Il y a quand même des choses simples à considérer. Peu importe que les gens de l'autre boulangerie aient dit que Raddad était aussi un de leurs clients et ne nous laissons pas obnubiler par l'influence de mouginois qui ont commencé à fantasmer parce qu'on s'est dit que l'expertise médicale avait été bâclée, que du coup ce jardinier allait avoir des problèmes et que des photos ont été détruites, et sans doute aussi parce qu'il y avait un profil d'histoire à la Agatha Christie et un beau rôle d'injustice à réparer ou dans lequel ne pas se mouiller.
C'est un fait que, dans l'opinion, même si un doute a été émis dès le début de l'enquête, il y a eu une vision faussée du procès transmise par les médias. C'est un fait gros comme une maison. Moi aussi, j'ai longtemps cru à l'innocence de Raddad, parce que j'avais suivi passivement les journaux et une émission qui fustigeait l'enquête. C'est un fait que les auteurs accumulés de ma première opinion m'ont mené en bateau.
Les éléments simples sont les suivants.
Il est bien joli de fixer comme une pétition de principe qu'on ne peut pas exclure la mise en scène pour accuser un innocent, mais, bien que l'accusé ait été soutenu par les médias, l'opinion et un avocat un peu mal vu mais célèbre, ce qui veut dire que sa défense n'en a aucun cas été minimisée, étouffée, en aucun cas réduite comme celle d'un personnage insignifiant, malgré cette défense si poussée, la possibilité de cette mise en scène n'a jamais pu trouver un commencement de crédibilité sur le terrain. L'écriture, bien qu'en majuscules, a bien l'allure sensible de celle de la victime. La défense n'a rien su contrecarrer.
Les étonnements sur la reconstitution, je ne les ai pas. Je trouve le scénario puissant, tout se tient, et j'estime très forte et même capitale l'idée d'éteindre la lumière après la première inscription (étape 1) et le fait de se barricader (étape 2). C'est d'un naturel phénoménal question succession des événements. Depuis lors, je n'ai plus aucun doute. Cette femme est morte avec la rage au ventre que son assassin soit châtié. Elle a réellement accusé son meurtrier. L'inscription était extraordinaire, parce que cette femme ne s'est pas mise à larmoyer sur son sort avant de mourir. Pour ceux qui lisent trop cette histoire comme du Agatha Christie, ils pourraient être beaux joueurs et se consoler en se disant que les romans policiers ont déjà songé à accuser quelqu'un de façon énorme, puis à quasi le disculper, avant de le charger à nouveau. C'est les mauvais lecteurs qui croient que l'accusé trop voyant est définitivement à écarter.
S'ajoute à cela la dispute sensible entre les avocats de la défense, le départ de l'un d'eux, et le fait que Vergès soit encore parti dans d'autres directions sans aligner de la cohérence autour du discours lancé par ses prédécesseurs.
Je trouve aussi assez douteux de se permettre une comparaison avec l'affaire Dreyfus après le procès pour les médias, alors que ce propos devait avoir sa place dans un procès. C'est créer de l'effet en se défilant. C'est un fait, et un fait pas glorieux. Et pourquoi s'est-il défilé? C'est une question.
Pour l'alibi, il y a autre chose de très clair, et qui est foncièrement accablant, c'est que nous ne sommes pas dans le simple cas d'une personne qui n'a pas d'alibi par manque de pot, mais dans le cas d'une personne qui a elle-même indiqué plusieurs témoins potentiels et deux lieux susceptibles de lui servir sur le plateau un alibi.
Les témoins que l'inculpé a lui-même impliqués ont dit: "non, on ne l'a pas vu!"
Moi, je trouve ça énorme! J'en conclus qu'il a essayé un témoignage crâne et il eût été plus avisé de ne pas chercher à faire témoigner autrui. Il aurait dû rester dans l'impossibilité de fournir un alibi, alors on pourrait dire: "bon, il n'a pas été vu, c'est peut-être la faute à pas de chance".
Pour le défendre, on est obligés de dire qu'il a menti en se cherchant un alibi. Les avocats de la défense n'avaient selon moi qu'un seul recours c'était d'amener leur client à dire que l'alibi était faux, mais qu'il avait dit cela parce qu'il avait peur d'être accusé, puis il aurait dit un truc neutre.
Son alibi, c'est un mensonge crâne. Il demande le témoignage d'une boulangère, celle-ci montre clairement que sa présence est exclue. Donc l'inculpé a menti! C'est de l'ordre du fait et ça ne saurait arranger ses affaires.
Puis, plutôt cette fois du côté de la conviction, je me permets de douter de l'image de saint qu'on nous présente: il donne l'image d'un homme froid, regard dur qui fixe bien son objectif, sourire ironique aux lèvres un peu pincé à l'occasion, bouffées de contentement parfois face à l'intérêt des médias. Il sort d'un fourgon en criant "Innocent" et en levant les bras menottés, il lui manque d'avoir appris à faire du théâtre. Il n'est pas naturel du tout!

Georges Cenci Georges Cenci ·  19 janvier 2013, 13:09

@DavidD : Je vous remercie de votre témoignage. Votre religion étant faite vous allez vous attirer des remarques acerbes de quelques intervenants qui me font penser à ces comités de soutien dont l'insolence égale la mauvaise foi, le parti pris et la méconnaissance du dossier.
Il est vrai que l'évolution de nos mœurs journalistiques et politiques notamment les conduit à confondre la liberté d'expression avec l'irrespect et la provocation systématique de l'interlocuteur. Les forums en sont aussi l'illustration.
Je prends le temps de répondre, sans entrer dans le fonds, à votre commentaire car il est constructif. Il n'en est pas de même lorsque certains argumentaires ne me paraissent pas dignes d'une réponse qui ne ferait que nourrir et relancer, sans grand intérêt, une polémique stérile au lieu d'aboutir à un dialogue utile.
Bien cordialement à vous.

Bruno Bruno ·  10 janvier 2016, 18:51

Hier, 9 janvier 2016, sur la chaîne NT1 dans "Chronique crimielle" ou Omar Raddad évoque son affaire ; il se dirige pourtant dans la boulangerie aux quelques marches.

(Orthographe de ce commentaire corrigé par l'administrateur)

Georges Cenci Georges Cenci ·  19 janvier 2016, 05:14

@Bruno : C'est la manipulation de l'opinion qui se poursuit mon cher Bruno. J'ai expliqué dans la rubrique dont vous faites état que Omar Raddad ne s'était jamais rendu dans la boulangerie où, dans le reportage de NT1, il prétendait s'être présenté. D'ailleurs, avez-vous remarqué le sourire complice du boulanger à qui l'on a fait dire n'importe quoi ! Mais vous n'êtes pas obligé de me croire.
Bien à vous.

MP MP ·  20 juillet 2019, 19:53

Bonjour,

"Vous écrivez qu'elle se dirige dans le noir s'aidant simplement de la lumière sourdant sous la porte d'entrée... Non ! J'ai écrit : « la seule clarté est fournie par un rai de lumière qui filtre autour de la porte » Ce n'est qu'un détail mais passons !

Auriez-vous l'obligeance de préciser la différence profonde entre ces deux affirmations qui justifie l'emploi de la négation sous la forme exclamative de votre part au lieu d'une simple indication de nuance ?

Un rai de "lumière filtrant autour d'une porte" est-il fondamentalement différent
d'une "lumière sourdant sous une porte" ?

Est-ce une question de localisation de la source de lumière ("autour de la porte" contre "sous la porte") ?

Est-ce la différence entre une lumière qui "sourde" et un "rai" de lumière ?

En vous remerciant d'avance de bien vouloir éclairer ma lanterne, si j'ose dire.

Cordialement,

MP

MP MP ·  20 juillet 2019, 20:06

Bonjour,

"On peut toujours discuter une expertise d'ailleurs je ne m'en prive pas dans mon ouvrage « Omar l'a tuée – pages 348 à 354 » ) lorsque j'analyse le rapport d'une graphologue et d'une statisticienne du Laboratoire de police scientifique saisies par la Commission de révision de la Cour de cassation."

Certes, et c'est là un droit bien naturel.

Cependant, la contestation d'une expertise est plus probante quand elle relève d'un expert de la même discipline.

Ne trouvez-vous pas ?

Cordialement,

MP

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