Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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En lisant votre livre j'ai découvert un élément accablant pour Raddad. Il s'agit de traces de sédiment en provenance du sous-sol. Que cela prouve-t-il ?

Je vais m'efforcer d'être concis et précis. Néanmoins, cette question sur les traces de sédiments en provenance de la cave de La Chamade et présentes sur le pantalon de Raddad est d'importance puisque c'est un élément de preuve accablant contre lui, il me faudra développer mon analyse.

Lors de la perquisition au domicile de Raddad, nous procédions à la saisie d'une paire de chaussures et de vêtements. Raddad nous confirmait qu'il s'agissait des chaussures et des effets portés le dimanche 23 juin 1991. Ces scellés étaient transmis au laboratoire Serma pour expertise.
Ce laboratoire retrouvait dans la texture du pantalon et sur les semelles des chaussures de l’inculpé des traces de poussière en corrélation avec les sédiments prélevés dans la cave et recueillis sur le corps de la victime (cf. rubrique quelques pièces du dossier : "expertise sur les vêtements de l'inculpé et le chiffon").
Cette conclusion était fondamentale et prouvait que Raddad s'était rendu dans cette partie de la propriété au sol particulièrement poussiéreux. Mais il restait à déterminer à quelle date. Retrouver des particules de poussières est une chose mais ne pas pouvoir dater à quelle période elles pouvaient s'être déposées ne servait à rien.

L'enquête sur commission rogatoire permettait de préciser ce point de détail. Raddad avait déclaré dans un premier temps que cela faisait deux ans qu’il n’était pas descendu à la cave, puis, et cela se vérifiait, deux mois. Je l'écrivais dans mon rapport :

« En effet, nous situons les travaux à la piscine de La Chamade entre le 18 et le 23 avril 1991. Ceux-ci ont été réalisés par Omar et Mohamed Raddad comme en témoigne l’agenda de la victime. D’autres rapprochements relatés dans le procès-verbal de renseignement 194 confortent ces dates qui déterminent qu’Omar Raddad, aidé de son frère, a entreposé les poubelles de matériaux dans la cave le 23 avril 1991 dès la fin des travaux. Ces détails corroborent la déclaration d’Omar Raddad lorsqu’il dit s’être rendu pour la dernière fois dans la cave, à la fin des travaux de la piscine. »

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Donc, si nous tenions compte de ses assertions, Raddad ne s'était plus rendu dans la cave depuis le 23 avril 1991. Soit deux mois avant le meurtre. Admettons. Dans ce cas, comment expliquer que le laboratoire avait scientifiquement retrouvé des sédiments en provenance de cette pièce sur les semelles de ses chaussures et dans la tissure de son pantalon, qui plus est, cumulés d’environnements divers fréquentés par l’inculpé entre le moment des faits et celui de la saisie des chaussures ? Raddad trouvait la réponse et donnait une nouvelle version au juge Renard quand celui-ci lui notifiait les conclusions de l’expert : il était descendu dans la cave quelques jours avant les faits pour entreposer des pots de fleurs.
Deux ans, deux mois puis quelques jours. Quelle était la bonne réponse ?

Il était donc nécessaire de définir si ces traces étaient récentes ou pouvaient remonter au 23 avril. La réponse, c’est l’épouse de Raddad qui la donnait. A la question :

« A quelle fréquence lavez-vous le linge de maison et notamment celui d’Omar, que ce soit son linge de ville ou son linge de travail ? »

Latifa répliquait :

« Je lave beaucoup le linge. Je faisais une, voire deux machines par jour, une le matin et une le soir. En ce qui concerne le linge d’Omar, il ne se passait pas une semaine sans que je le lave, y compris son linge de travail, car je tenais à ce qu’il soit toujours propre. Avant que je ne parte à Toulon, jusqu’au dernier moment, j’ai lavé régulièrement le linge comme à l’habitude. »

Je mentionnais dans mon rapport :

« Nous concluons, qu’en raison des traces de sédiments de la cave sur les semelles des chaussures et dans la texture du pantalon, Omar Raddad s’est rendu au sous-sol de La Chamade dans un délai rapproché de la saisie des vêtements. »

Raddad, qui maintenait devant le juge d’instruction ne pas être descendu à la cave depuis au moins deux mois, mentait. Mais ce n’était qu’un mensonge qui s’ajoutait aux autres. Toutefois, ces sédiments retrouvés sur les semelles attestaient, de toute évidence, qu’il s’était rendu depuis peu au sous-sol. Il fallait, pour s’en convaincre examiner de près la semelle des chaussures. On se rendait compte qu’elles étaient totalement usées et lisses, et l’on comprenait pour quelle raison le laboratoire n’avait détecté aucune trace de terre ou d’herbe pouvant provenir de la propriété de Francine Pascal. Mais qui avait fait cette observation ! Sans nul doute, le seul président de la Cour d'assises.
Les analyses scientifiques retrouvaient des sédiments de la cave malgré les travaux de jardinage et notamment d’arrosage qu’il avait dit avoir effectués le dimanche. La preuve scientifique était cette fois précise. Tous les détails étaient suffisamment explicites et en phase avec la déclaration de son épouse, pour admettre que ma conclusion n’était pas née de mon imagination.

Georges Cenci

Administrateur : Georges Cenci

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Bob Bob ·  13 janvier 2013, 16:35

L'expert ayant procédé à l'analyse viendra expliquer à la barre que ce résultat n'apporte pas d'élément à charge ou à décharge. Je le cite : "la poussière est tellement commune à tous les chantiers que ces prélèvements n'apportent aucune particularité."

MP MP ·  21 juillet 2019, 02:42

Bonjour,

M. DAVENAS, Avocat Général près la Cour de Cassation et qualifié par M. CENCI sur ce blog de "bon connaisseur du dossier", s'exprimant dans son réquisitoire devant la commission de révision devant statuer sur une demande de procès en révision, précise que le sous-sol faisant, je cite, "partie intégrante du périmètre de travail (d'Omar Raddad) à la Chamade", la présence de sédiments présent dans ce même sous-sol et sur ses effets personnels n'avaient pas plus de signification dans le cadre du meurtre de Mme. Marchal que si l'ADN d''Omar Raddad lui-même avait été retrouvé sur les portes du même sous-sol.

L'institution judiciaire, par la voix d'un de ses plus hauts représentant, n'a donc pas retenu cet élément matériel parmi les éléments à charge dans la condamnation d'Omar Raddad pour le meurtre de Mme. Marchal, ou dans le rejet de sa demande de révision.

Il est donc curieux que M. CENCI se croit obligé d'en rappeler la mention dans son rapport de synthèse qui, s'il constitue la base de l'ordonnance de renvoi devant la Cour d'assises, ne constitue pas la base de l'arrêt condamnant Omar Raddad, puisqu'entre ces deux actes de procédure, il se déroule un débat contradictoire, et que c'est le dernier acte qui fonde la décision, pas le premier.

Par ailleurs, l'expertise obligeamment communiquée par M. CENCI lui-même (qu'il en soit remercié !) ne conclu pas autrement à partir des corrélations constatées sur une partie des prélèvements.

Cordialement,

MP

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