« Omar m’a tuer » aux Oscars 2012 et l'habituel soutien du Maroc à Raddad
Publié le samedi 01 octobre 2011, 06:25 - Web-O-Scope - Lien permanent
- Article
- Ajouter un commentaire (0)
- Annexes (0)
Billet du Blog de Beb'R, daté du 1er octobre 2011.
La récente fiction cinématographique et mensongère « Omar m’a tuer », réalisée par Roschdy Zem, vient d'être portée candidate à l’élection du meilleur film en langue étrangère aux prochains Oscars américains...
Pour la petite anecdote demandons-nous pourquoi Omar et ses sbires s’entêtent à aller si loin – à Hollywood – , et si tard – plus de vingt ans après les faits – chercher un Oscar si aléatoire, alors qu'il eût été si facile et bien plus rapide, pour le dit héros, d'emmener avec lui celui qui se trouvait à sa portée immédiate, dans une chaufferie devenue tristement célèbre : « Oscar », nom éponyme du robot de la piscine de Ghislaine Marchal !
C’est sous l’impulsion du Centre Cinématographique Marocain (CCM) assorti d’un communiqué du 17 août dernier, que le nanar a été proposé au comité de sélection de l’Académie Américaine des Arts et Sciences du Cinéma ; grande prêtresse de la cérémonie des Oscars.
Nous saurons si le film propagande est retenu au mois de janvier 2012. Mais nous allons nous désintéresser des côtés artistique et judiciaire du sujet, pour évoquer l’immixtion de la politique étrangère dans cette affaire.
« Omar m’a tuer », film français ou marocain ?
Comme l’affirme Nabyl Lahlou, réalisateur anticonformiste marocain qui dénonce l’intégrisme et la corruption de l’administration de son pays : « Pourquoi le directeur général du CCM, qui crie partout que le Maroc produit 20 films par an, se voit incapable de proposer à la sélection des Oscars un seul de ces 20 films marocains ? Que cherche-t-il à faire avaler aux Marocains en ayant recours à un film français, produit par la France et réalisé par un comédien et cinéaste français d’origine marocaine qui a bénéficié d’aides du Maroc… Le CCM doit cesser d’ériger sa politique cinématographique sur la propagande, le mensonge et la mauvaise foi… ».Le Maroc a donc financé la réalisation de Roschdy Zem. Raison pour laquelle il représentera peut-être le Maroc à la cérémonie des Oscars 2012.
N’est-ce pas là une preuve que ce pays apporte encore son soutien au meurtrier de Ghislaine Marchal et à sa défense ? « Encore », car en terme d’ingérence, le Maroc a toujours interféré dans cette affaire du meurtre de Madame Marchal, en finançant constamment la défense d’Omar Raddad.
Comme le fait remarquer le capitaine Cenci dans son ouvrage ; Maître Baudoux, un des deux premiers avocats de Raddad, était en étroite relation avec l’un des fils du roi Hassan II via le consulat du Maroc. Il avait d’ailleurs quelques difficultés pour que lui soient réglées ses honoraires comme en atteste une conversation téléphonique de la femme de Raddad du 7 janvier 1992 (cf. les écoutes téléphoniques). C’était également par son intermédiaire que des détectives privés étaient rémunérés ; Bernard Naranjo par exemple.
Il y a fort à parier que Maître Vergès et son détective de pacotille Roger-Marc Moreau ont profité de ce système de financement. La question peut également se poser pour Maître Noachovitch…Pourquoi le Maroc a-t-il soutenu et continue-t-il de soutenir Omar Raddad ?
En 1992, l’affaire du meurtre de Madame Marchal, après avoir inondé, de façon détestable, le paysage médiatique français, traverse la Méditerranée pour faire la Une dans l'Atlas.
Hassan II est alors roi du pays. Son successeur légitime est son fils Mohamed VI. Mais son neveu, Moulay Hicham, vise la couronne. Dès lors, une lutte acharnée destinée à s’attacher les faveurs du peuple opposera les deux dynasties pour la future accession au trône.
Prendre publiquement partie et soutenir financièrement la défense d’Omar Raddad permet de s’attirer les sympathies des Marocains. Le 19 octobre 1995, Libération titrait : « la royauté marocaine se divise sur l’affaire Omar ». Et l’article révélait que « Hassan II et son neveu s’affrontent en défendant le jardinier… Cette affaire a déclenché une véritable intrigue de palais au Maroc... par avocats et détectives interposés. »
D’un côté, Moulay Hicham souhaite se présenter comme un futur roi progressiste, en rupture avec la monarchie actuelle. Il a tiré le premier et est entré en contact avec le père d’Omar Raddad via Maître Lombard, avocat à Marseille. France-Soir le 31 mai 1994 affirmait alors : « Le prince Moulay Hicham est intervenu en personne dans le dossier ce qui est confirmé par l’ambassade du Maroc à Paris qui précisait que celui-ci a été très sensible à cette affaire… ».
Dans le camp opposé, comme on l’a vu auparavant, Maître Baudoux et la femme de Raddad, Latifa Cherachni, entrent en contact avec Hassan II. Le souverain imitera donc son neveu, s’alliant par la suite les services de Jacques Vergès. Il ira même jusqu’à se déplacer en personne pour une visite présidentielle officielle sous les ors de la République Française et finira par l’emporter. L'Express du 15 mai 1996 titrait alors : « Omar Raddad : le troc » au lendemain de la visite du roi Hassan II en France.
La grâce partielle que Jacques Chirac accorde à Omar Raddad signe la défaite de Moulay Hicham. L’accession au trône du royaume du Maroc est assurée pour Mohamed VI. Le Monde du 11 mai 1996 affirmait : « Le président Chirac gracie partiellement Omar Raddad », puis de poursuivre : « … où une bonne manière faite au roi du Maroc, lequel avait chargé Me Vergés de défendre les intérêts de Raddad, auquel pas moins de 5 agences ont participé aux investigations sous le contrôle d’un détective privé dijonnais. »Aujourd’hui, Mohamed VI au pouvoir poursuit la politique d'antan engagée par son père et soutient vraisemblablement encore les atermoiements de Sylvie Noachovitch cornaquée de son homme lige et en même temps spécialiste des enquêtes bidons, l'inimitable chevalier blanc, Roger-Marc Moreau.
On comprend ainsi aisément pourquoi le Centre Cinématographique Marocain, sous l’autorité du roi, a porté son choix sur la fable cinématographique de Roschdy Zem.Quant à Omar Raddad, il ne doit sa liberté qu’au jeu de la succession royale marocaine. Un jeu dans lequel la justice française n’est pas entrée.
Quant aux manipulations d’opinions comme le fait si bien remarquer le capitaine Cenci : « …tant que la source financière ne sera pas tarie, nous connaitrons des rebondissements afin que cette affaire perdure. Et elle se pérennisera encore et toujours sauf, si ceux qui tiennent les cordons de la bourse s’aperçoivent - il serait grand temps - qu’on les prend à la fois pour des imbéciles et des naïfs ».
Pour en savoir plus :
• http://www.ccm.ma/inter/news.asp?code=842
• http://nabyl-lahlou.blogspot.com/
• Libération.fr (cache Google)
(Source)
Derniers commentaires