Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Résumé de l'ouvrage de Guy Hugnet "Le vrai coupable"

Billet de Beb'R sur bebr.fr, du 29 aout.

Comme je le fais souvent ici après avoir lu un nouvel ouvrage, j'aime à vous faire partager mes lectures. Voici donc un petit résumé du dernier bouquin de Guy Hugnet "Affaire Omar Raddad, le vrai coupable" ; paru en juin dernier aux éditions "Archipel".

Le vrai coupable

Derrière une couverture dont la couleur dominante rouge n’est pas sans rappeler celle du sang qui s’est lentement écoulé des multiples blessures de Madame Ghislaine Marchal en ce dimanche 23 juin 1991 dans le sous-sol de sa villa de Mougins ; Guy Hugnet, journaliste d’investigation indépendant, nous dévoile les soubassements d’une chronique judiciaire aux airs de fable médiatique.

Abusés. C’est le terme qui résume à lui seul l’ouvrage de plus de 215 pages de Guy Hugnet. En effet, l’auteur remonte l’engrenage de la manipulation des opinions autour de l’ « affaire Omar Raddad » afin de démontrer qu’il n’y a pas que vous et moi à avoir été bernés. Philosophes, journalistes, animateurs de télévision, académicien… et jusqu’aux avocats du meurtrier en personne ; tous ont été victimes des élucubrations rocambolesques du détective privé Roger-Marc Moreau. Un drôle de détective privé…

Guy Hugnet revient tout d’abord sur le scénario de ce dimanche 23 juin 1991 où Madame Marchal avait prévu de rejoindre ses amies et voisines pour un déjeuner qu’elle ne regagnera jamais. Puis il enchaîne sur la journée du 24 juin, jour de la découverte du corps de la victime dans le sous-sol de La Chamade. Rien de bien nouveau dans cette première partie de la lecture pour tous ceux qui ont eu le plaisir de lire l’ouvrage du capitaine Georges Cenci « Omar l’a tuée , vérité et manipulations d’opinions » paru aux éditions l’Harmattan. Il est simplement plus agréable de découvrir les faits dans un style un peu plus vivant (Guy Hugnet n’hésite pas à donner la parole à ses personnages, par exemple) et scénarisé, en lieu et place d’une narration chirurgicale des faits qui colle plus à la chronologie d’une enquête judiciaire telle qu’exposée par Georges Cenci. Pour ce qui est du contenu, on en restera aux faits. Le journaliste raconte ensuite comment le dénommé Roger-Marc Moreau a réussi à mener sa contre-enquête, ou du moins ce qu’il considère comme tel, tout en n’hésitant pas à colporter les ragots de bas étages. Nous allons découvrir dans les chapitres qui suivent le véritable personnage qui se cache derrière Monsieur Moreau. Guy Hugnet, avec minutie, n’a pas hésité à enquêter sur le détective. Preuves à l’appui, celui que certains surnomment RMM nous apparaît comme un charlatan malfaisant avide de reconnaissance et bouffi d’orgueil. Ce pseudo enquêteur qui flaire aisément les faiblesses psychologiques des proches des victimes alors vulnérables à toute proposition pouvant aider à la recherche de la vérité, se révèle même n’avoir obtenu son agrément professionnel qu’en 2009 sur Chalon-sur-Saône alors que cet hurluberlu n’a même aucun diplôme en droit et officie depuis des lustres. Fraudeur à l’occasion, ses contre-enquêtes se révèlent rapidement sans aucune rigueur à qui veut bien les reprendre. Ce que n’a pas hésité à faire Guy Hugnet, qui parvient même à retrouver des personnages soi-disant « disparus de la circulation » ou qui ne correspondent en rien à la personnalité et au caractère précédemment annoncés par le pseudo-détective. Autant dire que les enquêtes de Roger-Marc Moreau sont bâclées, en témoignent notamment ces nombreux rapports d’audition où aucune signature des témoins prétendument entendus n’est apposée. Si bien que le détective peut aisément romancer à tout va les dires des uns et des autres dans le but de fabriquer SA vérité ou celle qu'on lui a commandée. L’affabulateur va même jusqu’à ouvrir des portes déjà refermées par les enquêteurs de la gendarmerie, en témoigne sa thèse mettant en cause le propre fils de Madame Marchal. Prise de position pour laquelle il sera condamné en diffamation, emportant avec lui les esprits crédules tels que l’animateur de télévision Christophe Dechavanne, et l’académicien et écrivain Jean-Marie Rouart.

C’est sur ce dernier que Guy Hugnet articulera la seconde partie de son livre. Si la première section dépeint les traits d’un « enquêteur-romancier », Jean-Marie Rouart présente toutes les caractéristiques du parfait « romancier-enquêteur », la conviction en plus, mais cela n’innocentera pas davantage Omar Raddad.

Après une rapide présentation de Jacques Vergès et de sa vision « spectaculaire » (au sens propre) de la justice ; Guy Hugnet nous dévoile que l’académicien est l’une des premières victimes des thèses de l’affabulateur Roger-Marc Moreau. Rouart, dans la plus grande méconnaissance du dossier d’instruction, et absent de la moindre audience du procès d’assises qui se déroule à Nice prendra fait et cause pour Omar Raddad, estimant que la contre-enquête de RMM soulève de nombreuses zones d’ombres que l’enquête judiciaire n’aurait pas pris la peine de soulever. Sa rencontre avec Omar Raddad forgera encore un peu plus sa conviction.

Ses zones d’ombre, Jean-Marie Rouart les éclaire de théories toutes droites tirées de son imagination de romancier. Lui qui se lance dans sa propre contre-enquête sans le moindre outil de base se laisse biaiser dans sa propre argumentation par ses certitudes. Il souhaite tellement trouver une preuve de l’innocence d’Omar Raddad, qu’il finirait presque par l’inventer ! Au final le mot qui caractérise le plus souvent les arguments de Rouart est « invérifiable ». Aucune des thèses de l’écrivain ne résiste à l'examen des faits du dossier d’instruction. La sincérité affichée ne faisant pas la vérité. Et tout académicien qu’il est, sa fonction ne lui donne pas plus de crédibilité que son acolyte Moreau ; et ça, Guy Hugnet nous le démontre à de maintes reprises. Pour un farouche partisan de la culpabilité incontestable d’Omar Raddad, ça en deviendrait presque rébarbatif.

Heureusement pour les lecteurs qui n’ont pas encore lu l’ouvrage du capitaine Cenci, Guy Hugnet, qui a le mérite de ne pas se prendre pour un juge, termine à son tour le sien par le scénario le plus probable et qui colle donc le plus à la réalité du dossier d’instruction. On y retrouve un Omar Raddad acculé financièrement par trop de vices du jeu et du sexe, revenu à l’occasion d’une pose déjeuner réclamer une énième avance sur salaire à sa patronne et qui, devant le refus catégorique de cette dernière, perd son calme et l'agresse sauvagement ; la laissant pour morte. Enfermée et craignant le retour de son assaillant, Ghislaine Marchal prendra le soin de se barricader et désignera de son propre sang son meurtrier de jardinier.

Guy Hugnet nous rappelle donc, détails à l’appui, comment un habile et unique désinformateur peut vite générer un mensonge bien plus colossal, et forger les convictions les plus solides. Un excellent livre qui vient compléter celui du capitaine Georges Cenci. Si le premier paru ne s’attache qu’à l’enquête et aux faits, celui-ci s’attarde davantage sur les intervenants périphériques à cette affaire et aux débordements en tous genres qui les caractérisent encore aujourd’hui, car la désinformation continue de faire des ravages à qui veut bien la gober. Et nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas voir la réalité en face et remettre en cause leurs préjugés.

Georges Cenci

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