Chapitre IV ; extrait n°11
Publié le jeudi 11 août 2011, 16:07 - modifié le 06/02/14 - Extraits de l'ouvrage - Lien permanent
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L'enquête sur commission rogatoire. (suite)
Détermination de l'heure du crime.
J’écris dans mon procès-verbal de synthèse : "C’est ainsi que l’on détermine que Ghislaine Marchal a été agressée le dimanche 23 juin 1991, entre 11 h 50 et 13 h".
Il y a, comme dans tout créneau horaire, des limites de temps. Dans ce dossier, la limite minimum est à 11 h 50 et celle maximum à 13 h : une heure et dix minutes d’éternité. Que fait Ghislaine Marchal ce dimanche matin dans sa résidence ? Elle a l’habitude de se lever tard, prépare son petit déjeuner qu’elle prend au lit puis commence des mots croisés. C’est une habitude chez elle. Entre 10 h 30 et 11 h, elle appelle Colette Koster, lui confirme qu’elle sera présente à 13 h, comme convenu, au repas d’anniversaire de son mari. Plus tard, c’est son amie Eugénie De Paolis qu’elle joint au Royaume-Uni. La communication est formellement établie par France-Télécom entre 11 h 29 min 23 s et 11 h 41 min 21 s. Après avoir raccroché son combiné téléphonique, alors qu’elle est sous la douche, le téléphone sonne. C’est Erica Serin :
"Laisse-moi finir de prendre ma douche, je te rappelle".
Elle téléphone effectivement à son amie deux ou trois minutes plus tard. Il est 11 h 48. Elle lui confirme qu’elle se prépare pour le déjeuner des Koster et que lundi, comme prévu, elle l’attend à La Chamade. La conversation est assez brève. Il est 11 h 50.
Que nous dit Erica Serin :
"Dimanche 23 juin 1991, j’ai téléphoné à Mme Marchal vers 11 h 45, j’ai parlé avec mon amie, pas longtemps car elle était en train de se préparer pour sortir. Elle m’a confié qu’elle sortait pour déjeuner et m’a confirmé qu’elle m’attendait le lendemain à déjeuner. Mme Marchal m’a demandé d’acheter les journaux, Nice-Matin et Le Figaro. Au cours de cette conversation, elle m’a paru tout à fait normale et ne m’a fait part d’aucune inquiétude".
Et Eugénie de Paolis :
"Le dimanche 23 juin 1991, j’ai reçu un appel téléphonique de Ghislaine. Je lui avais demandé de me trouver un véhicule de location à un prix raisonnable, car comme l’an dernier je venais passer deux mois d’été à Cannes. Elle me téléphonait pour me dire qu’elle n’avait rien trouvé. Elle était très pressée car elle devait sortir et elle n’était pas du tout prête. Elle semblait seule dans sa maison lorsqu’elle m’a téléphoné. Elle ne m’a pas fait part d’une quelconque crainte, m’a paru tout à fait normale".
A 11 h 50, Ghislaine Marchal est toujours en vie. Elle a pris sa douche, mais il lui reste à parfaire sa mise. Elle a encore une heure devant elle pour finir de se préparer. Plusieurs éléments permettent d’avancer l’heure limite maximum de son agression. Tout d’abord, il est une évidence, elle se préparait pour honorer l’anniversaire de Marius Koster. Elle avait d’ailleurs acheté, à son intention, un cadeau retrouvé sur le secrétaire meublant le hall d’entrée : un ouvre-lettre électrique acheté à l’enseigne Scandia boutique, rue d’Antibes, à Cannes, le mercredi 19 juin 1991.
Plusieurs témoins, comme Colette Koster, décrivent sa ponctualité :
"Lorsque Mme Marchal acceptait un déjeuner ou un dîner, elle était toujours ponctuelle. Elle venait toujours en voiture, qu’elle conduisait".
En effet, Ghislaine Marchal était une femme ponctuelle, très ponctuelle. C'est pourquoi, vu le peu de temps nécessaire pour se rendre chez les Koster - deux minutes trente suffisent en moyenne pour parcourir les 1 100 m du trajet - elle aurait dû quitter La Chamade à 13 h. L’appel infructueux à 13 h 30 de Louise Blanc, l’employée des Koster, fixe la limite maximum de l’agression et par conséquent du meurtre.
La datation du crime est ainsi objectivement et techniquement prouvée. Ghislaine Marchal a été agressée et tuée le dimanche 23 juin 1991 entre 11 h 50 et 13 h si l’on retient l’élément subjectif de la ponctualité et 13 h 30 si l’on tient compte de l’objectivité de l’appel téléphonique.
(...à suivre)
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