Avant-propos ; extrait n°3
Publié le lundi 01 août 2011, 14:57 - modifié le 06/02/14 - Extraits de l'ouvrage - Lien permanent
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Avant-propos
Le 23 juin 1991, la vie de Ghislaine De Renty veuve Marchal, bascule. Agonisante dans le sous-sol de sa propriété où son meurtrier l’a enfermée, elle va, dans les affres de la mort, le dénoncer - sans témoin, avec son sang, pour que le crime ne reste pas impuni. Onze ans ont passé. Qui se souvient encore de Ghislaine De Renty si ce ne sont sa famille et ses amis ! Vous souvenez-vous de cette "femme - courage", égorgée, éventrée, mutilée, transpercée à l’arme blanche ? Vous souvenez-vous d’elle qui repose depuis très longtemps dans les abysses de l’oubli ? C’est ainsi, les victimes ne sont qu’éphémères au regard de l’actualité.
Mais vous avez encore en mémoire les deux messages sanglants qu’elle a laissés : OMAR M’A TUER et OMAR M’A T. Vous avez oublié les souffrances, l’agonie, le courage de Ghislaine Marchal mais vous avez toujours présents à l’esprit sa dénonciation ante-mortem et le nom de son criminel. Ce n’est pas l’affaire Marchal, c’est l’affaire Omar.
J’ai assumé avec le gendarme Patrice Gervais la direction de cette enquête. Je suis fier de l’avoir dirigée. Surprenant n’est-ce pas quand vous n’avez cessé de lire que l’enquête était "bâclée, mal ficelée, dirigée, tronquée voire truquée". Plus déconcertant encore, avec les magistrats, nous aurions accablé un innocent. Propos inadmissibles, ineptes, irresponsables et grotesques.
Ce qui est flagrant dans l’histoire de cette affaire c’est l’omniprésence de la défense dans le débat médiatique et sa discrétion dans les échanges contradictoires. C’est elle qui a délibérément choisi le terrain médiatique où elle a réussi à faire passer ses thèses délirantes en voilant obstinément les faits. L’opinion publique, toujours prête à s’émouvoir et abusée par une information unilatérale et partiale, ne voit en Raddad que la victime d’une machination judiciaire. Les avocats ont su instiller dans la presse et l’opinion, le doute, le spectre de l’erreur judiciaire. La défense est remarquable d’efficacité, elle gagne le procès de rue mais s’effondre lors des débats contradictoires qui ont abouti à la condamnation de son client.
La justice s’est prononcée. Sereinement, dignement, en toute indépendance et conscience. Toutes les parties se sont exprimées. Omar Raddad a été déclaré coupable et condamné par la cour d’assises des Alpes-Maritimes à 18 ans de réclusion criminelle. Tollé ! Un verdict raciste à n’en pas douter ! La salle des pas perdus du palais de justice de Nice fait encore le cercle autour de Me Vergès. "On a condamné, il y a cent ans, un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d’être juif. Aujourd’hui, on condamne un jardinier parce qu’il a le seul tort d’être maghrébin". C’est poignant. Cela n’a rien à voir avec le dossier mais c’est beau, c’est bien dit. La galerie boit les paroles du pathétique et percutant auxiliaire de justice. Les jurés n’ont pas dû être subjugués, eux qui ont eu l’occasion d’apprécier et de mesurer, dans le prétoire, les prestations de l’avocat, lequel allait être plus convaincant dans la salle des pas perdus, lorsque les caméras sont apparues et les micros se sont tendus. Mais bien évidemment, pour être persuasif, à défaut d’être brillant, il faut parfaitement connaître son sujet.
(à suivre...)
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