Réponses à trois questions posées par courriel
Publié le vendredi 01 juillet 2011, 08:04 - modifié le 01/07/11 - Vos réactions - Lien permanent
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Monsieur Cenci, vous avez essuyé des critiques et des pressions pendant 20 ans émanant des médias, de la défense et des comités de soutien. Tout cela a dû être particulièrement difficile à encaisser surtout avec votre devoir de réserve. Et psychologiquement vous avez dû être sérieusement affecté.
1. Avez-vous toujours pu tenir le coup ? Et aujourd'hui ?
J'ai subi des critiques des médias qui relayaient les thèses abracadabrantes des avocats de la défense - ce qui n'était pas du tout déstabilisant vu les âneries étalées - mais aucune pression de qui que ce soit pour orienter mon enquête (magistrats, hiérarchie, défense, partie civile ou autres groupes de pression traditionnels...)
L'affaire date de 1991 et je n'ai été libéré de mon devoir de réserve qu'en février 2002 date à laquelle j'ai été admis à faire valoir mes droits à la retraite. Pendant toutes ces années, j'ai ressenti une profonde frustration de ne pouvoir m'exprimer et ainsi répondre aux attaques des avocats relayés par leurs complices, je veux parler des médias ; qui prétendaient que l'enquête que j'avais dirigée était bâclée, mal ficelée, que j'avais travaillé uniquement à charge etc...
Il n'était pas question pour moi - et c'est toujours d'actualité - de rendre compte de mon enquête sur les plateaux de télévision, ou devant micros et caméras. Par contre je l'ai fait, très longuement, dans mon rapport de synthèse et à la barre de la Cour d'Assises de Nice où le grand Vergés est resté particulièrement éteint après mon audition par le président : 2 heures à la barre pour présenter mon enquête. Je devais avoir des choses à dire ! Et Vergés rien à contester. Il sera plus brillant dans la salle des pas perdus lorsqu'il haranguera la foule.
Et je constate que, depuis, l'enquête que j'ai dirigée n'a jamais été contredite par aucune instance judiciaire : Chambre de mise en accusation de la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence (décision de renvoi devant la Cour d'Assises) ; Cour d'Assises de Nice (arrêt de condamnation) ; Cour de Cassation (rejet du pourvoi en cassation) ; Cour de Révision des condamnations pénales de la Cour de Cassation (arrêt de rejet de la requête en révision) et enfin Cour Européenne des Droits de l'Homme (deux arrêts de rejet à unanimité de ses membres).
Libéré de mes obligations, je me suis exprimé par la voix du livre lequel s'inscrit dans l'histoire de ce meurtre et survivra aux manipulations auxquelles nous assistons depuis 20 ans. "La parole est serve les écrits restent".''
Sans mon entourage familial solide, sans l'appui de juristes de haut rang j'aurais peut-être été affecté davantage. Je suis moralement assez fort pour résister à ce genre de pression psychologique.
2. N'avez-vous pas une certaine frustration, voire un sentiment d'injustice de ne pas avoir pu sortir de votre devoir de réserve, alors que la défense a pu brandir une pléiade d'aberrations et d'inepties pendant et après le procès ?
Il n'est pas dans le rôle d'un directeur d'enquête de se répandre dans les médias car nous sommes soumis - et c'est très bien ainsi - au devoir de réserve, au secret de l'enquête et de l'instruction. Par contre j'ai toujours regretté que la partie civile n'ait pas en quelque sorte fait le "pendant" de la défense. On ne l'a pratiquement jamais entendue. Elle en avait les moyens avec un avocat comme Me Leclerc mais c'était sa décision et je la respecte.
De ce fait c'est la défense et les "détectives" stipendiés par elle qui ont maîtrisé l'information. Et cela dure depuis 20 ans ! Et ce n'est pas fini. Tant que le robinet du fric n'est pas fermé !
3. Vous avez fait une critique du film de Roschdy Zem que j'ai lue avec intérêt, mais pensez-vous que ce film ne risque pas d'ouvrir à nouveau certaines plaies ?
J'avais lu le scénario bien avant la sortie de ce film à la gloire d'un courageux jeune meurtrier d'une femme âgée, que je n'irai pas voir.
Il faut dire que le réalisateur Roschdy Zem a été reçu sur tous les plateaux de télévision pour en faire la promotion. Dans le même temps un journaliste indépendant, Guy Hugnet, publiait un livre sur cette affaire – AFFAIRE RADDAD – Le vrai coupable aux éditions l'Archipel - qui analyse les thèses à géométrie variable de la défense et celle de l'accusation dont la lecture vous permettrait de conclure à la culpabilité de Raddad.
Mais la télévision française semble l'avoir snobé. Il ne doit pas être médiatiquement correct. Quand je vous dis que les médias sont complices d'une certaine façon !
Ce film va rouvrir les plaies non encore cicatrisées de la famille, surtout du fils de Ghislaine Marchal, Christian Veilleux, qui portait une affection sans limite à sa mère.
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